Je te rassure Kohaku Gawa, ce que tu as écrit est correct, tout comme la réponse de gribouille57.
Le système de subventions de l’Union Européenne est fondé sur le niveau de développement des régions avec une règle relativement simple : les régions situées sous le niveau moyen de développement de l'UE (approximé par le revenu par habitant) reçoivent des subventions, celles situées au dessus paient ces subventions. C’est pourquoi les pays les moins développés de l’UE à 15 (essentiellement le Portugal et la Grèce) n’étaient pas du tout favorables à l’élargissement à 25 (et le sont encore moins aujourd’hui pour passer à 27 ou 28) ; ils craignaient en effet que leurs régions se retrouvent au dessus du niveau moyen et ne reçoivent donc plus aucune subvention. De plus, il faut savoir qu’environ la moitié du budget européen est alloué aux subventions liées à la PAC ; or, la plupart des nouveaux entrants ont encore un secteur agricole assez important et avaient tout à gagner en entrant.
Je complèterai les réponses précédentes par deux remarques.
Tout d’abord, de nombreuses études économiques ont montré que l’intégration régionale, notamment dans le cas de l’UE, donnait lieu à un processus de convergence entre les économies membres. Non pas que cela pénalise les pays les plus riches, mais les moins riches croissent plus vite et « rattrapent » donc les autres. C’est particulièrement vrai pour l’Espagne et encore plus pour l’Irlande : ces pays étaient des pays en développement quand ils ont intégré l’UE (qui était encore la CEE) et aujourd’hui, on voit où ils en sont. Le Portugal et la Grèce sont aussi sur la bonne voie. C’est donc ce que l’on attend pour les nouveaux entrants. Par ailleurs, ne nous voilons pas la face, les pays membres ont aussi intérêt à s’ouvrir à ces pays où la main d’œuvre est beaucoup moins chère.
Ensuite, au-delà des justifications économiques, il y a aussi des motivations politiques derrière ces élargissements, et ce tant du point de vue des pays membres que des pays entrants.
Concernant les pays membres, il est très difficile politiquement et socialement de supporter la présence de pays beaucoup plus pauvres aux portes de l’Union et, a contrario, beaucoup plus facile de les aider et de gérer les flux de personnes si ces pays sont « à l’intérieur ». Cassons deux idées reçues : le « plombier polonais » ne va pas envahir la France parce que la Pologne a intégré l’UE, au contraire, il a tout intérêt à rester chez lui et à bénéficier des aides à l’entreprise fournies par l’UE. D’autre part, si jamais il décide quand même de venir en France, il le fera de manière légale, en étant déclaré, ce qui est mieux aussi bien pour lui que pour le pays qui l’accueille (pas de risque d’expulsion, accès au système de santé notamment). C’est vrai pour la main d’œuvre mais on peut aussi penser aux étudiants : un étudiant polonais peut désormais venir étudier en Europe de l’Ouest sans problèmes, bénéficier d’études de haut niveau et faire ainsi bénéficier son pays du capital humain qu’il a acquis. A long terme, cela contribuera à coup sûr au développement.
Concernant les pays candidats, ils ont tout intérêt à entrer dans l’UE dans la mesure où ils sont déjà très dépendant des décisions ; s’ils restent à l’extérieur, ils continueront à subir les décisions de l’UE, alors que s’ils adhérent, ils auront leur mot à dire. Grâce au rejet du projet de traité constitutionnel, les institutions européennes fonctionnent selon le même principe que lorsque nous n’étions que 15 et ils ont donc même un droit de véto sur toutes les décisions, ce qui rend les propositions pour le moins difficiles à mettre en œuvre.